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Au Moyen Age (XI au XVe siècle)
Haveskercke n’apparaît qu’au XIe siècle...
Alors que Saint-Venant autrefois appelée Papinghem (maison royale de Pépin) est déjà connue dés l’époque romaine, que Merville fut fondée dés le VIIe siècle par des moines bénédictins, Haveskercke n’apparaît qu’au XIe siècle avec son église dont la tour date au moins du XIe siècle et avec ses seigneurs cités en 1119 dans le Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Bertin, à Saint-Omer, à laquelle la paroisse d’Haverskerque est alors rattachée.
Les seigneurs d’Haveskercke, vassaux des comtes de Flandre
Les Haveskercke, 1ers seigneurs d’Haveskercke, sont vassaux des comtes de Flandre qui, depuis le début du siècle avec Baudouin IV, ne cessent d’agrandir le comté aux dépens du royaume de France. Le Comté de Flandre est alors un état féodal indépendant uni par l’hommage des vassaux au suzerain, un état qui va se décentraliser par un habile découpage administratif : Baudouin IV laisse en place à l’ouest les puissants comtes de Boulogne et Guînes pour mieux tenir les châtellenies du centre, et pour apaiser les petits comtes turbulents, il crée de nouveaux comtés autour de Lens, Béthune, Saint-Pol et Hesdin et de nouvelles châtellenies dont Arras, Bapaume, Lille, Saint Omer, mais aussi pour la Flandre occidentale : Bailleul, Ypres, Bourbourg et Cassel. Il existe aussi de petites châtellenies comme celle de La Motte-aux-Bois dont le château du XIe siècle est édifié au bord de la Nieppe. En Flandre, on appelle châtellenie ce qu’on désigne en France à l’époque, sous le nom de baillage.
Les seigneurs d’Haveskercke sont rattachés à la Châtellenie de Cassel, fief important du comté.
Le fief implique le dévouement absolu du bénéficiaire, le vassal, envers son seigneur suzerain. Les seigneurs d’Haveskercke sont en principe, tout dévoués aux comtes de Flandre, leurs souverains dans les conflits qui les opposent aux Français :
Combats de Gilbertus d’Haveskercke en 1213 au port de Dannes aux côtés du comte de Flandre Ferrand. Gilbertus de Haveskercke tombe aux mains des Français et partage la captivité du comte
En 1214, dans les plaines de Bouvines, Baudouin d’Haveskercke et plusieurs chevaliers flamands chevauchent aux cotés de Ferrant et sont écrasés par les armées françaises de Philippe Auguste. Réfugié en Angleterre, prés du roi Jean Sans Terre en péril dans son propre royaume, Messire Baudouin embarque une nuit, caché dans un baril de lamproies, pour Calais afin de chercher l’aide du comte Robert de Cassel qu’il obtient. Robert, accompagné d’un grand nombre de chevaliers flamands dont Baudouin, ainsi que des compagnons d’Hugues de Boves, fait tomber une à une, les villes anglaises jusqu’à ce qu’il se heurte aux armées françaises appelées par les Barons et les nobles anglais qui, acculés par les flamands, offrent le trône d’Angleterre au fils de Philippe Auguste, Louis de France.
En 1328 le château d’Haveskercke est incendié par les français et disparaît de l’histoire en 1401
Pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453), les villes flamandes [1] vivant essentiellement du commerce de la draperie, sont liées à l’Angleterre dont elles sont tributaires pour les laines anglaises et sont prêtes à reconnaître Edouard III, roi d’Angleterre, roi de France.
Mais par ces temps troublés, les seigneurs de Haveskercke prennent parfois parti contre les comtes qui s’efforçent de limiter leur pouvoir, en s’alliant aux rois de France :
En 1296, Jean d’ Haverskercke parait parmi les « Leliarts » (partisans du roi à fleur de lis) les plus ardents à combattre le comte de Flandre Guy de Dampierre et ses « Clauwaerts » (du flamand klauwen = griffe) à la griffe acérée comme celle du lion de Flandre, leur emblème.
En 1302, à la bataille de Courtray, Messire Jean fait partie du 2e corps de l’armée française. Dans la seule châtellenie de Cassel, plus de 250 vassaux du comte se sont ralliés au roi de France dont 29 à Haveskercke parmi lesquels Jehan de Haveskercke. Lors de la bataille des Eperons d’Or, à Courtray, les communiers flamands du comte massacrent la chevalerie française et les Léliarts embourbés dans les marécages de la Lys.
La baronnie flamande des seigneurs de Haveskercke
La baronnie de Haveskercke désigne la paroisse d’Haveskercke, à différencier de la « seigneurie d’Haveskercke » qui existe aussi aux environs de Lederzeele car deux entités territoriales bien distinctes portent alors le nom d’Haveskercke.
La paroisse d’Haveskercke, d’une superficie de 917 hectares [1] est une terre à clocher et le siège de la plus ancienne baronnie de Flandre maritime :
Cette baronnie est un fief vicomté qui a sous sa juridiction jusqu’à 115 fiefs ou arrière fiefs dont quelques uns sont eux-mêmes vicomtés comme les seigneuries de Corbie et de la Gaugerie (Goguerie), les seigneuries du Biez, du Gard et du Wuques étant plus petites.
A la limite nord du Biez, figure au cadastre, un lieu dit Le Donjon dont l’appellation laisse supposer l’existence du château originel. Le château du Gard dont l’emplacement des douves est encore marqué chaque année par une végétation tenace de roseaux durs, était probablement édifié prés de la ruelle Duquesne.
Tous les seigneurs de ces fiefs marchent sous la bannière du seigneur chevalier banneret d’Haveskercke.
La Baronnie d’Haveskercke est tenue aux conditions ordinaires et a le droit d’avoir un bailli, un greffier, sept échevins, deux sergents. Elle est aussi une haute justice.
La « seigneurie d’Haveskercke » quant à elle, est un fief vicomté situé en Lederzeele, Noordpeene, Vulverdinghe et Volckerinckhove tenu aussi de la cour de Cassel. Une ferme de Lederzeele, nommée « cense d’Haveskerque », rappelle encore son souvenir. Cette importante seigneurie a, d’après une déclaration de 1697, un bailli, six échevins, un greffier et un sergent. La seigneurie Haveskerque appartient pendant tout le Moyen Age, à la famille qui en porte le nom. Ses seigneurs deviennent avec le temps, seigneurs de Watten. Ils appartiennent à une branche cadette de la grande famille de Haveskercke, leurs armoiries étant d’or à la fasce de gueules mais avec un lambel à trois pendants pour brisure.
La vie à Haveskercke au temps de la féodalité
Les seigneurs détiennent tous les pouvoirs. Les seigneuries demeurent des propriétés familiales, personnelles et cessibles à volonté, aux héritiers tout d’abord avec le droit de relief ou, vers la fin de la féodalité, à des roturiers avec le droit de « franc relief » qui a permis à de nombreux roturiers de s’anoblir. Mais une différence marquée sépare ces derniers des nobles vassaux qui sont gentilshommes et possèdent des armoiries. Les notables forment un ensemble diffus où il est difficile de distinguer les nobles, les bourgeois aisés et bon nombre d’hommes de loi.
Les hobereaux, gentilshommes campagnards, continuent de bénéficier de certains droits et revenus : banc particulier au premier rang lors des offices religieux, droit de sépulture dans le chœur de l’église, droit de chasse et surtout droit de justice
Le seigneur doit protection et justice à ses manants et reçoit d’eux, redevances et honneurs.
Le possesseur d’un fief perçoit non seulement les rentes en nature et en argent des terres placées sous sa juridiction mais aussi un certain nombre de privilèges lucratifs :
- les lods et ventes : redevances que le seigneur perçoit lors de la cession d’une tenure
- le tonlieu : un impôt sur les marchandises transportées par terre ou eau
- l’affouage : le droit de prendre du bois ou de participer au produit de son exploitation
- les avoirs des bâtards, étrangers et suppliciés, les biens abandonnés...
A contrario, le propriétaire d’un fief doit au suzerain, le service de l’ost, assistance militaire.
Le seigneur institue le bailli et les échevins qui sont les deux piliers de l’administration locale
Le bailli est l’officier chargé des fonctions administratives et judiciaires. Devenu sédentaire vers 1260, il est, jusqu’au XIVe siècle, un personnage très puissant qui possède un privilège très apprécié à l’époque, celui de chasser dans la juridiction paroissiale. Les échevins sont des magistrats chargés d’assister le bailli.
La justice criminelle et civile (service des plaids) est rendue par les hommes de fiefs et les échevins jugent au nom du seigneur, les délits communs, ventes, contestations, héritages... Bien des seigneuries vicomtales ont leur gibet comme en témoigne encore le champ du pilori à Haverskerque (à l’angle de la rue de la Goguerie et de la rue de la Guinguette).
Une grande partie de la population est démunie
On évalue à 1/10e le nombre des oisifs. La mendicité est endémique : on est mendiant de père en fils. Dans les villes, est instituée la « table des pauvres ». La campagne ressemble à une futaie de forêt. Le bois est très employé pour la construction des maisons, des bateaux et comme bois de chauffage. Les chaumières en torchis, aux toits recouverts de chaume, servent d’habitat aux villageois. Sur le pourtour de la forêt, les pauvres gens vivent dans des cabanes.
L’enseignement est dispensé au rythme des saisons
La bourgeoisie rurale est formée surtout de cultivateurs peu nombreux à posséder leurs exploitations, ils jouissent d’une réelle indépendance et font instruire à grands frais leurs enfants, au collège. L’enseignement est gratuit pour les pauvres. L’usage est d’y envoyer les enfants au début de l’hiver et de les retirer pour les travaux des champs. Les maîtres qui ont d’autres occupations, n’ouvrent les écoles que de l’automne à la belle saison. On enseigne le latin sauf à Haveskercke et dans les villages limitrophes
Les moulins d’Haveskercke
D’après la carte topographique de l’astronome Cassini du XVIIIe, Haveskercke possédait plusieurs moulins :
- le moulin à farine de la maladrerie
- le Tout Li Faut, qui donne son nom à la rue du Moulin et qui est cité le 5 février 1362 par Yolande de Flandre, comtesse de Bar et Dame de Cassel « en passant par le moulin de Tout Li Faut ... » D’après Marcel Merchez, il s’agirait du moulin du Gard ... Hélas, la foudre tombe sur Tout Li Faut le 1er janvier 1779
- et le moulin Saint Fleuris (Saint Floris de Flandre) de la rue Basse qui donna son nom à la rue du Moulin de Corbie et qui fut abattu au XXe siècle. Une statuette en bois de Ste Agathe datant du XVIIe aurait été retrouvée dans ses décombres. Certains de nos contemporains se rappellent de la butte du moulin dont la terre aurait servi à combler le « vivier » lors de la construction du presbytère en 1931.
La maladrerie d’Haveskercke
La lèpre, maladie contagieuse et incurable, se développe en France au VII et VIIIe siècle avec l’invasion des Sarrasins et au XII et XIIIe siècle avec les croisades. On dénombre 2000 léproseries sous Louis XII ; au XIIe siècle, chaque ville en a une qui tient les malades contagieux à l’écart. On suppose que la maladrerie d’Haveskercke date du Moyen Age car l’appellation « maladrerie » a été remplacée par la suite par la dénomination léproserie.
La maladrerie d’Haveskercke est édifiée par la famille de Haveskercke au lieu dit « Le Grand Treille », dans le virage de la rue des Morts et non à la ferme du même nom. Il est tout au plus permis de présumer que cette ferme est exploitée au profit des lépreux avec son moulin à farine dont la présence est relevée sur un plan, prés de la maladrerie. Aucun vestige ne subsiste aujourd’hui de cette maladrerie mais son existence mentionnée sur diverses cartes, a marqué le village.
Un cimetière pour lépreux existe probablement dans un champ d’une trentaine d’ares, autrefois entouré de fossés, au tournant en face de la ferme de Gérard Colson.
Les archives de la commune décrivent la vie des lépreux :
Lorsqu’un cas de lèpre est signalé, le malade est conduit à l’église pour un office des morts, puis amené à l’enclos de la maladrerie.
Les malades valides se rendent fréquemment en cortège dans la forêt de Nieppe en empruntant la rue de la Clochette, rue ainsi nommée parce que les lépreux sont tenus de secouer une cliquette (crécelle) pour signaler leur présence sous peine de sanctions les plus graves prévues par les édits royaux.
La lèpre régressant entre le XIV et le XVIe siècle, la maladrerie est supprimée à Haverskerque en 1702 par mutation du service à l’Hospice de Lillers, la ferme et les terres agricoles forment ou viennent s’ajouter au « bien des pauvres ».
En comté de Flandre, quelle langue parle-t-on ?
Depuis l’évangélisation, la langue latine a repoussé la langue tudesque (des Germains) et se perpétue à travers l’écriture dans les cartulaires et autres règlements ecclésiastiques. L’enseignement est ordinairement donné en latin. Pourtant la langue française supplante la latine dans les domaines administratifs et juridiques : citons par exemple, le 1er règlement de la forêt de Nieppe, qui, daté de la fin du XIIIe, est en français bien que la forêt soit propriété des comtes de Flandre. Mais d’une manière générale, dans tous les pays du Nord occidental et oriental de la forêt de Nieppe, c’est la langue flamingante, « le vlaamsch » autrement dit le flamand , cette langue née peu à peu de l’amalgame des langues germanique, saxonne et franque parlées successivement dans ces contrées, qui domine.
La francisation aura lieu bien plus tard. D’après les annales du Comité flamand de France de 1856-57, les deux langues coexistent encore au milieu du XIXe : à Thiennes, Haverskerque, Merville, Neuf Berquin, Estaires, La Gorgue, Steenwerck, Nieppe, on parle exclusivement français, mais à Wallon Cappel, Borre, Pradelles, Strazeele, Merris, Meteren exclusivement flamand, à Sercus, Lynde, Stennbecque, Morbecque, Vieux Berquin, Bailleul on est bilingue à prédominance flamande, à Renescure, Blaringhem, Boeseghem, bilingue à prédominance française. Depuis cette époque, la francisation s’est généralisée progressivement ... et il fut un temps où était puni, l’élève surpris à parler flamand en cour de récréation.
Haveskercke, pays bourguignon
Vers 1340, les archives de la commune mentionnent que le chevalier Jean d’Haveskercke, seigneur de Watten ainsi qu’un grand nombre de seigneurs du pays combattent dans les armées du Duc de Bourgogne qui sont défaites à Saint Omer. En 1384 le Duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, hérite du comté de Flandre et le pays devient bourguignon .
Et on change les monnaies en usage. Après la livre flamande qui vaut 2 pataions 1/2 ou 6 livres ordinaires soit 120 patards ou 1922 liards, on utilise, pendant l’occupation étrangère, le florin.
Notes
[1] Le Hameau du Corbie autrefois appelé Saint-Floris-de-Flandre (Corbie = endroit fréquenté par les corbeaux) est rattaché à la paroisse de Saint-Floris, située de l’autre côté de la Lys. Les habitants qui emmènent leurs défunts au cimetière de Saint-Floris, empruntent toujours le plus court chemin équipé d’un pont pour passer la rivière, ce chemin a été baptisé la rue des Morts. De nos jours, cette voie au nom funèbre a été débaptisée et renommée la rue des Meuniers en souvenir des moulins
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